Discours

Discours de Bastogne de la Première Ministre Sophie Wilmès

Sire,

Majesté,

Altesse Royale,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

 

75 ans exactement nous séparent du jour initial de l’offensive allemande dans les Ardennes.

Nous n’oublions pas. 

Il est de notre devoir de rendre hommage à ces milliers de jeunes soldats tués, disparus ou blessés dans nos forêts.
Rendre hommage aussi aux victimes civiles massacrées dans nos villages.
Rendre hommage - en somme -  à toutes celles et ceux qui dans les Ardennes ou ailleurs ont payé de leur vie la folie des idéologies meurtrières.

Aujourd’hui, en présence des dirigeants de plusieurs nations impliquées dans la Bataille des Ardennes, nous voulons renouveler notre profond respect envers les vétérans. 

Je tiens, au nom du peuple belge, à vous exprimer, ainsi qu’à vos frères d’armes notre reconnaissance éternelle.

Votre présence ici nous est précieuse, d’autant plus que les souvenirs s’effacent lorsque le temps passe.

 

Nous restons toutes et tous marqués par les histoires de nos aïeux et leur émotion, certes contenue, mais qui laisse entrevoir une douleur toujours intacte.

Je me souviens de l’infinie tristesse de mon père orphelin de guerre à 6 ans quand il évoquait la terrible nuit de bombardement qui lui a enlevé ses parents.

Je me souviens aussi des étoiles qu’il avait dans les yeux quand il évoquait la présence des soldats américains dans son village, ils lui apportait chewing gum et  chocolat mais surtout l’espoir d’un avenir heureux.

Ces émotions dures ou belles, nous devons continuer à les incarner, les faire vivre.

Nous savons le risque que cela représente, lorsque le témoignage vivant devient le récit sec d’un manuel d’histoire.

Le risque de l’oubli.

Le risque de la banalisation.

Or, nous ne pouvons pas oublier. Nous ne pouvons pas accepter la banalisation.

Aujourd’hui, par votre présence, vous contribuez une fois de plus au devoir de mémoire. Merci !

En marchant dans les rues de Bastogne en ce week-end de commémorations, j’ai croisé des citoyens de tout âge. De nombreux enfants compris.

J’ai les ai vu saluer le défilé. Porter nos couleurs et celles de nos alliés. Applaudir nos militaires.

Leur présence est d’une importance capitale car elle illustre la transmission entre les générations, le message de l’espoir en l’avenir. C’est un message fort.

Cette transmission elle doit se faire au travers de moments solennels comme celui-ci. Mais elle ne peut pas avoir lieu qu’une fois par an.

C’est un travail continu qui doit se mener dans nos écoles et dans nos foyers.

Nous devons continuer d’inculquer cette devise qui est la nôtre, celle de notre pays : « L’union fait la force ». Ce qui nous renforce le plus, ce sont l’unité et la défense des valeurs communes qui ont également nourri la construction européenne.

Liberté, Fraternité, Unité, Egalité, Solidarité. Ces valeurs ont été défendues ici même il y a 75 ans

Elles doivent chaque jour guider nos actions en tant qu’hommes et femmes politiques, mais aussi en tant que citoyens.

Or, la Liberté n’est jamais définitivement acquise.

Face aux idéologies radicales qui menacent nos valeurs démocratiques, nous devons tous faire barrage et répondre « NUTS ! ».
Car comme disait Sir Winston Churchill « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».

Je vous remercie chacune et chacun pour votre présence à Bastogne ce jour et je vous souhaite un excellent appétit.

 

(ce discours a été prononcé lors du déjeuner des chefs et représentants d’Etat et de gouvernement qui a suivi la cérémonie officielle)