Discours

Cérémonie d’inauguration du Mémorial Price à Ville-sur-Haine

Altesses Royales,

Excellence Madame la Gouverneure Générale du Canada,

Messieurs les Ministres, Monsieur le Ministre d’Etat,

Mesdames et Monsieur les Ambassadeurs

Monsieur le Gouverneur,

Monsieur le Député-Bourgmestre,

Mesdames, Messieurs,

Chers élèves des écoles George Price et SHAPE,

 

George Lawrence Price était un jeune homme de 25 ans. Canadien, loin de ses racines et de ses proches, il perd la vie ici, le 11 novembre 1918.

 

Dernière victime de la Première Guerre Mondiale sur le sol belge, il est aussi le symbole pour nous de cette première tragédie qui a déchiré le siècle passé.

 

En août 1914, l’Europe bascule. Rivalités impérialistes, conflits territoriaux et chocs des souverainetés forment le détonateur qui entraine l’ensemble des continents dans la première guerre totale de l’humanité.

 

En novembre 1918, 4 ans, 3 mois et 14 jours plus tard, le bilan est effroyable. 9 millions de soldats et 8 millions de civils ont perdu la vie et près de 20 millions sont blessés.

 

Dans les tranchées, dans la boue humide, sous la brûlure du froid et sous le feu des balles, des rivières de sang coulent. Une génération entière est sacrifiée sur l’autel des souverainetés égoïstes et arrogantes.

 

De Ypres à Dinant, d’Andenne à Louvain, nos villes et nos campagnes portent les bâlafres des massacres et des destructions.

 

Les combats ont eu lieu ici, en Belgique, mais aussi  dans les Balkans, en Pologne, dans les Pays Baltes, en Biélorussie et en Ukraine, au Proche Orient, en Afrique Centrale en Chine et en Océanie.

 

Pour la première fois, durant le moi d’avril 1915, une nouvelle arme de guerre ignoble est utilisée : le gaz.

 

Des populations entières sont déportées ou sont décimées.

 

La carte du monde est redessinée. Des empires millénaires chutent.

 

Mesdames et Messieurs,

 

Cette guerre surtout a traumatisé les populations, a mis leurs cœurs et leurs chairs à vif. Elle a porté en germes les idéologies mortifères et totalitaires qui mettront le monde quelques années plus tard au bord d’un nouvel abîme.

 

La création de la Société Des Nations en janvier 1920 représente une évolution substantielle par rapport au siècle passé. Elle ouvre un chemin pour la négociation diplomatique et collective. Mais la Société Des Nations n’empêchera pas le cataclysme de la Seconde Guerre Mondiale et l’horreur absolue de la Shoa.

 

Le sacrifice du Soldat Price, que nous honorons aujourd’hui,  nous impose un devoir absolu : le devoir de Mémoire. Ne pas oublier. Ce siècle passé qui porte les cicatrices indélébiles de la haine et de deux guerres mondiales tragiques.

 

Ce siècle qui porte aussi la flamme de l’espoir. Flamme de l’espoir lorsque, au lendemain de la seconde guerre mondiale, en 1948, le suffrage universel est enfin accordé à tous les  citoyens belges, sans distinction de sexe. 

 

Flamme de l’espoir aussi lorsque les ennemis de hier, avec un courage exemplaire, font le choix lucide de bâtir l’Organisation des Nations Unies et de lancer les prémices de l’Union européenne.

 

La paix, la liberté, la démocratie, la tolérance et le respect sont au cœur de l’idéal européen.

 

La promesse européenne, c’est « plus jamais ça ! ». 

 

La promesse européenne,  c’est de transformer cette terre rougie par le sang versé en une terre de paix, d’Etat de droit et de respect mutuel.

 

La liberté est un bien précieux. C’est aussi un bien fragile.

 

A quelques heures d’avion à peine de chez nous, en Syrie, en Libye, en Ukraine, au Yémen, la guerre et son lot d’horreurs sont une réalité quotidienne pour des hommes, des femmes et des enfants.

 

La paix exige un courage permanent et une volonté sans faille. C’est dans cet esprit que notre pays siègera, dès 2019, au Conseil de Sécurité des Nations Unies. 

 

La prévention des conflits est notre première priorité. Agir, quand c’est encore possible, pour empêcher l’horreur et la tragédie. Protéger aussi les plus vulnérables, les femmes et les enfants.

 

Comme j’ai pu le dire à la tribune des Nations Unies au nom de notre pays, la simple addition des actes unilatéraux sous le couvert des souverainetés nationale ne produire jamais les solutions adaptées pour les défis de notre monde.

 

Nous faisons face à de nouvelles menaces plus hybrides et plus diffuses.

 

Terrorisme, cyberattaques, changements climatiques, populisme, conflits et replis sur soi… sont autant d’enjeux qui exigent du dialogue, de la coopération, de la négociation.

 

C’est l’essence même du multilatéralisme que plus que jamais nous devons défendre avec ferveur. 

 

Et je veux ici rendre un hommage appuyé aux femmes et aux hommes de la Défense. Ils sont engagés avec courage, sur différentes théâtres d’opération, pour la défense de nos valeurs. La défense de nos libertés. Au service de la paix et de la sécurité.

 

Ladies and gentlemen,

 

These commemorations send us a message. The peaceful solution of disputes, a duty to protect our people and the commitment to peace require permanent dedication.

 

This year has been marked by uncertainties and tensions.

 

The evolution of threats makes our approach to conflict much more complex.

 

We are also facing a rise of populism and extremism. It puts our democracies in danger.



I want to address our younger generations.

 

Fear and hate always lead to disasters, like in the last century. They always bring death and despair. Misery and sadness.

 

Democracy needs its citizens, especially young people, to engage.

 

It is only together, in mutual respect, that we will advance peace in the world.

 

George Price lost his future so we can have one.

 

George Price a sacrifié son avenir et ses rêves pour préserver les nôtres.

 

Je forme le vœu que la mémoire de George Price et de tous les autres tombés résonne à jamais dans nos cœurs.

 

Soyons tous les artisans quotidiens et inlassables d’une humanité partagée et d’un monde meilleur.

 

Je vous remercie.